On a vu Sanctuaire, la fiction signée Canal +

 

L’équipe de Sanctuaire au complet, Gare du midi

« Sanctuaire » traite de l’organisation basque ETA dans les années 80. En produisant cette fiction, diffusée cette année, Canal + parie sur un film politique, au thème polémique.

Créée en 1959 pour résister à la dictature franquiste, l’organisation ETA a été accusée du meurtre du Sénateur espagnol Luis Carrero Blanco en 1973, tout en multipliant les attaques terroristes en Espagne. Le gouvernement français avait accordé le statut de réfugiés politiques à ses membres, dans la mesure où l’organisation se revendiquait contre la dictature, socialiste et proche du mouvement communiste. Le pays basque français représentait alors un réel sanctuaire pour les chefs etarras espagnols.

Puis vient la fin de la dictature franquistes et les années 80. A l’époque, deux gouvernements socialistes président la France et l’Espagne. François Mitterrand décide de confier à Grégoire Fortin – Jérémie Renier, alors avocat et conseiller spécial de Robert Badinter – de rapprocher le chef d’ETA, Domingo Iturbe Abasolo, dit « Txomin » – joué par Alex Brendemühl- et le gouvernement espagnol. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Barrionuevo, est un ancien franquiste peu reconnu pour sa clémence. En parallèle, un groupuscule terroriste, le GAL, financé par l’Espagne et accusé de connivences avec la police française, continue d’assassiner des membres de l’ETA.

Double face

Ce film dénonce avec justesse la double face de la France, qui a longtemps accueilli les ressortissants etarras pour finalement les abandonner à l’arrivée du gouvernement socialiste en Espagne. La violence des attentats et l’implication de la police française dans le mouvement du GAL viennent elle aussi souligner la complexité de la situation de l’époque. Les Biarrots, venus en masse et particulièrement sensibles à l’histoire de l’organisation, ont accueilli d’un bon œil cette fiction réaliste, qui parvient à ne pas tomber dans un manichéisme primaire et une vulgarisation outrancière.

Les dialogues trilingues –français, basque et espagnols- et les plans magnifiques du pays basque français donnent une réelle profondeur à cette fiction. Canal plus a réussi son pari, celui de d’éviter tout sentiment de « déjà vu » avec ce sujet encore tabou pour beaucoup, en refusant de tomber dans l’écueil d’une vulgarisation outrancière.

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